Semaine sainte : ce qu’il faut savoir sur les jours qui précèdent Pâques
Au cours de la Semaine sainte, les chrétiens commémorent la Passion et la mort du Christ avant sa résurrection. Cette année, pour les catholiques et les protestants, elle débute le dimanche des Rameaux. Elle se termine la veille de Pâques, fêté cette année le 31 mars.
Depuis quand célèbre-t-on la Semaine sainte ?
Dieu n’a pas choisi la voie la moins risquée pour faire naître son Fils. En voulant qu’il soit engendré dans le sein d’une jeune vierge, il courait de manière évidente un risque majeur, et quasiment inévitable : la mort du bébé et de la mère. Car la jeune femme est fiancée – quasiment mariée, en tout cas, promise à un homme.
J’étais dans ma campagne, à cultiver la terre. Avec patience j’en arrachais les herbes, j’ôtais de tout mon champ et l’ivraie et la ronce. On m’avait dit un jour que viendrait à passer le maître, le jardinier. Sans relâche chaque jour j’aplanissais la route, j’épierrais le chemin. Chaque matin, sans faute, je guettais son passage. Je l’attendais ici dans le coin le plus noble de mon secret jardin. Le plus beau de moi-même, pour accueillir Jésus.
Mais en vain, malgré la peine, malgré le travail qui transforma un champ jadis bien bohème en jardin cultivé, où chaque plante taillée, chaque allée mesurée brillait d’une harmonie calculée et sereine… personne. J’avais fait de mon champ un jardin déserté, oasis inutile.
Cinq pains, deux poissons… Trois fois rien ! Suffisants pourtant pour nourrir cinq mille hommes, sans compter les femmes et les enfants : parce que Jésus est passé par là et l’on ne peut que s’en réjouir. Mais aujourd’hui, avec 7 milliards d’hommes, et 9 milliards attendus en 2050, où et comment Jésus va-t-il passer ? Peut-on encore attendre de lui l’indispensable multiplication des pains… et de l’eau, la grande absente de notre évangile, pourtant cruciale aujourd’hui elle aussi ?
La réponse est claire, Jésus passe, mais il le fait en se tournant encore une fois vers les disciples que nous sommes pour leur dire : « donnez-leur vous-mêmes à manger ». Allons-nous nous replier sur nous-mêmes et nous récrier : « mais nous n’avons que cinq fromages et deux bouteilles de vin » ? Halte-là ! Tous les spécialistes de l’alimentation au niveau mondial le disent : « Il ne s’agit pas de cela. Nous disposons de ressources suffisantes. Nous devons seulement apprendre à les gérer : ne rien gâcher, restreindre certaines consommations abusives, partager, redistribuer »…
Torchons et serviettes, unis pour la vie !
Vous connaissez le dicton qui commande de ne pas mélanger les torchons et les serviettes. L’Évangile, lui, est plus nuancé. Les torchons et les serviettes, l’ivraie et le bon grain, les sales types et les saints peuvent être mélangés au moins pour un temps. À notre époque obsédée par la pureté, qui dresse des frontières morales et idéologiques infranchissables entre les bons et les méchants, Jésus adresse deux avertissements :
- Seul Dieu est capable de discerner avec certitude qui mérite le bonheur éternel. Aucun homme n’est fondé à se mettre à la place de Dieu pour juger du sort définitif d’un autre homme car aucun homme ne connaît le cœur de son prochain comme Dieu le connaît. Et d’ailleurs, la miséricorde et la justice de Dieu ont le dernier mot.
- Même Dieu ne jugera qu’à la fin des temps. Car l’homme est changeant. Saint le lundi, crapule le mardi ! Plein de bons désirs un jour, dévoré par la haine et l’orgueil le lendemain. L’homme est versatile, c’est sa faiblesse. Mais c’est aussi sa chance, parce que jusqu’à son dernier souffle, il peut se laisser toucher par la grâce de Dieu.
Face à Dieu, le Diable sait qu’il arrive toujours trop tard. Il sait qu’il ne sème l’ivraie qu’après que Dieu a semé le bon grain. Que l’ivraie est toujours marginale par rapport au bon grain. Mais le Diable peut encore arracher la victoire si je juge mon prochain, si je me mets à la place de Dieu. En revanche, si je laisse Dieu être le seul juge, le seul miséricordieux, alors le Diable n’a plus aucun recours.
Frère Jean-Thomas de Beauregard
Couvent de la Vierge du Rosaire à Bordeaux