Rien pour tout !
Veuve, indigente, que possède-t-elle en propre ? Rien de rien, elle n’a rien, ne compte pour rien, hier comme aujourd’hui, on s’en écarte et pourtant, elle est ! Jésus ne l’identifie pas à un groupe comme « les gens riches », mais elle est « cette pauvre veuve ». Cette main tendue qui sait encore s’ouvrir lui donne toute sa dignité et sa beauté, elle devient manifestation de son être le plus profond : fille du Père.
Cette main se tend dans nos rues, lasse, honteuse, désabusée, mais voici qu’ici elle s’offre à son tour. Notre veuve ne lâche pas sa piécette, d’un pas rapide, sans un regard, soulageant sa conscience comme nous savons le faire, tels les gens riches dans le temple.
Passer de l'autre côté
En fin de compte on ne sait d’où Jésus est parti et non plus très bien où il se rend, sinon qu’il paraît s’être éloigné de liens familiers, ce que pourrait traduire le fait d’être de l’autre côté de la mer (expression qui se retrouve 4 fois : Jean 6, 1. 17. 22. 25). Ce côté où la vie est inconnue, où il faut risquer. Comme passer de l’autre côté du miroir, au-delà des apparences. Voilà sans doute ce qui nous est demandé, au-delà des apparences de nous-mêmes comme de nos représentations de Dieu, afin d’espérer entrer pour de vrai dans l’amitié de Jésus, dans son écoute.
La consigne de Jésus est claire : « Suis-moi ». Est-ce que cela ne suffit pas ? Pourquoi Jésus ajoute-t-il : « Laisse les morts enterrer leurs morts » ?
J’avoue que j’ai du mal à comprendre. Jésus empêcherait-il ses disciples d’accompagner leurs morts au cimetière ? Cela me paraît incompréhensible. Surtout, cela rejoint une expérience personnelle.
Frère Cyrille-Marie Richard
Couvent Saint Pierre martyr à Strasbourg
D'une montagne à l'autre
C’est l’Évangile de la messe de la Toussaint. On trouve en effet dans chaque béatitude une caractéristique de la vie de tel ou tel saint. Mais si ces huit béatitudes dessinent le portrait d’un homme, c’est avant tout celui de Jésus-Christ. Il est même celui qui a vécu de la manière la plus exemplaire chacune de ces béatitudes.
Qu’est-ce qui me fait croire ? Non pas « en quoi je crois ? », mais « qu’est-ce qui a déclenché ma foi ? » Que s’est-il passé, un jour, pour que la présence de Dieu soit révélée à mon cœur comme une marque indélébile, parfois estompée par les détours de la vie, mais dont le souvenir sans cesse me ramène à cette certitude que « Dieu m’aime » ? Était-ce une parole ? Une rencontre ? Une image ?
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