Jubiler
Ce 24 décembre, le pape François a ouvert la porte du jubilé. Est-ce simplement une bonne information au milieu de tant de mauvaises nouvelles. Le père Arnaud Alibert, rédacteur en chef, essaie d’en déployer différents sens.
Jubiler n’est pas un art de la fête, même si incontestablement la joie fait partie de son ADN. Dans les temps anciens de la Bible, le jubilé annonçait la remise des dettes, la libération des esclaves, bref l’ouverture de nouveaux jours. De quoi mettre en joie ceux que le sort accablait.
Regardant l’actualité du monde, nous ne pouvons que souhaiter que se lève sur les peuples le jubilé de 2025. En premier lieu, la paix au Soudan. Ce qui se vit au Soudan n’est pas loin de l’enfer, spécialement dans les lieux où toute présence journalistique ou d’ONG est impossible.
Puis la paix en Ukraine où le peuple est meurtri, obligé, pour se défendre, de faucher les vies de jeunes Russes et maintenant de Coréens du Nord, qui n’ont jamais pu croire à un horizon politique à la hauteur de leur jeunesse.
La paix au Moyen-Orient où le peuple de Palestine est en train d’être disloqué et empêché de vivre, où les peuples frères du Liban et de la Syrie claudiquent sur le chemin de leur avenir, où nos frères en Israël subissent un gouvernement qui les emmène dans une impasse de l’histoire. Pour ces pays et pour tant d’autres, le pire n’est pas certain. Le jubilé est un discours d’espoir qui annonce qu’un avenir heureux et pacifique est possible.
Il en est de même dans nos sociétés, où il manque de soleil sur les femmes qui vivent la peur sous leur propre toit ou la misère dans la rue, sur les milliers de personnes à qui le 115 ne répond pas, ou encore, sur les couples en mal d’enfants ou sur les jeunes dont les parents divorcent. Que dire encore du peuple de Mayotte ? Dans tous ces cas, jubiler est un secours qui permet d’endurer sans désespérer.
Jubiler ce n’est donc pas hurler sa joie. Cela se vit sur un autre mode. Il s’agit avant tout d’un mouvement auquel l’Église invite tous les fidèles et auquel elle se livre elle-même, qui associe un plus grand désir d’amour et le sens aigu de l’espérance. Il convertit nos freins en élan et donne de l’audace à notre générosité. En jubilant, le temps à venir cesse d’être une menace et devient un ami. Jubiler, c’est un acte de foi qui va prendre un an pour se dire, un an pour nous consoler d’un aujourd’hui morose, un an pour bâtir un demain fraternel [...]
Source: LA CROIX L‘Hebdo