Anne, veuve d’un grand âge, a-t-elle vu le beau sourire du petit, amené à Jérusalem par Marie et Joseph ? L’Évangile décrit la fidélité de son humble prière au Temple. La constance de son jeûne l’identifie au petit reste d’Israël, ces pauvres fidèles, et au besoin de repentir du peuple juif. Son jeûne a augmenté sa clairvoyance.
Dans cette rencontre au Temple, Anne est prophète du Messie libérateur. Elle voit dans la consécration du premier-né de Marie (Ex 13, 1 ; Lv 12, 8), celui qui unit la Sainte Famille et ouvre le chemin du salut. La prophétesse ne peut plus taire ce qu’elle devine, ne veut pas que Jésus reste incognito. Celui qu’elle guette depuis si longtemps réalise l’accomplissement de la promesse de l’alliance messianique.
Cette femme peut nous rappeler d’autres femmes de la Bible : Anne (1S 1, 7.10-13.16.26-27) priant au sanctuaire du prêtre Éli, Esther (Est 4, 16) dans sa prière au roi et Judith (Jdt 8, 12) jeûnant pour être belle et empêcher l’extermination du peuple de Dieu. L’Évangile présente le jeûne de manière renouvelée, comme une humble pratique personnelle en attente d’un signe prophétique et non plus, comme dans l’Ancien Testament, une obligation religieuse ou légale pour l’expiation d’un péché individuel ou collectif.
L’identité du nouveau-né est un peu énigmatique lors de sa présentation au Temple. Elle le sera aussi dans la tradition chrétienne primitive qui approfondira et définira sa personne divine et humaine. À ce stade du récit, Anne nous appelle à oser proclamer la joie. À vous de jouer maintenant ! Jésus est venu révéler la présence de Dieu en notre histoire. Il est la délivrance de Jérusalem. Ne devient-il pas l’espoir et le sauveur de toute l’humanité ?"
Extrait de Lumières dans la Bible (2021)
Frère Christian Eeckhout
Couvent Fra-Angelico à Louvain-la-Neuve (Belgique)