Bienheureux
Frère Franck Dubois
Dominicain
Couvent de Saint Pierre Martyr - Strasbourg
Matthieu 5, 1-12a
En ce temps-là, voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui. Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait :
« Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.
Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.
Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.
Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! »
Faillibles témoins
Faillibles témoins
Ils sont douze apôtres, comme les douze tribus d’Israël, institués là symboliquement comme douze nouveaux patriarches d’un nouveau peuple porté par une nouvelle Alliance. Apôtre, cela veut dire « envoyé ». Ils sont envoyés. C’est la réponse à la prière demandée par Jésus juste avant. Voilà les ouvriers envoyés pour la moisson, les pasteurs qui manquaient pour que les brebis soient conduites au salut.
Ensemble autour de l'Eucharistie, Ensemble, en communion avec Dieu
Le fondement essentiel de notre repas eucharistique dans le Nouveau Testament se trouve dans le dernier repas que Jésus a célébré avec ses disciples, le jeudi saint au soir : le repas qui pour les Juifs célèbre la Pâque. Mais aussi dans les repas que Jésus a pris avec ses disciples après sa résurrection, en particulier le repas avec les deux disciples à Emmaüs (chez Luc), ou le repas au bord du lac après la pêche miraculeuse (chez Jean).
Résurgence
Résurgence
« Viens, suis-moi » dit Jésus à Philippe. « Viens et vois », dit Philippe à Nathanaël. Le mouvement est contagieux. Il y a un passage de témoin, comme le feu se transmet d’une brindille à l’autre. Cette transmission se fait de génération en génération. La question se pose alors : et nous ? À qui allons-nous transmettre le feu, la foi ?
L’expérience que nous faisons massivement est qu’il n’y a pas eu de transmission entre les générations. Quantité de grands-parents se désespèrent de voir leurs enfants et leurs petits-enfants qui ont « abandonné » toute pratique et toute foi. Les ont-ils « abandonnées vraiment » ? Comme Nathanaël, ils n’ont pas encore rencontré personnellement Jésus. Nathanaël met en doute la parole du témoin, jusqu’à ce qu’il vérifie lui-même en rencontrant directement Jésus. Si le message se transmet comme le feu d’une brindille à une autre, la foi ne s’allume qu’au moment où la personne qui a reçu le témoignage fait elle-même l’expérience de la rencontre. Bernadette de Lourdes ne se culpabilisait pas si on ne la croyait pas, car il ne s’agissait pas de croire en elle, mais de croire en la parole qu’elle portait. « Je suis chargée de vous le dire » disait-elle « je ne suis pas chargée de vous y faire croire. »
Il n’y a pas de pastorale miracle, nous sommes tous indignes des conversions, dans le cœur des grands et des petits, nous ne méritons pas d’avoir des vocations. On ne produit rien, on prépare le terrain, on accueille, on accompagne, on s’efface. Dans la transmission du message, comme c’est le cas entre Philippe et Nathanaël, comme c’est le cas entre générations, il peut y avoir un saut de génération, mais c’est à la manière d’une rivière souterraine. Dans certains terrains calcaires, la rivière disparaît puis réapparaît : c’est une résurgence. L’Évangile peut traverser certaines générations, sans que cela apparaisse visiblement. La foi n’est pas toujours facile à identifier ; les signes visibles de la foi ne sont pas nécessairement là où on les croit.
Extrait de Marche dans la Bible (2016)
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