Sacrée famille !
C’était plutôt mal parti pour faire de Joseph, Marie et Jésus une sainte famille. Un père qui n’est pas le géniteur, une jeune fille enceinte avant mariage, un enfant qui fuguera à 12 ans, qui rembarrera sa mère (Jn 2, 4), qui détournera l’attention quand elle le cherchera (Mc 3, 33-35). Ce ne sont pas les critères habituels pour qualifier une ‘sainte famille’. Enfin… selon nos critères à nous… mais pas selon Dieu.
Car ce qui fait la sainteté de cette famille, c’est sa confiance absolue en Dieu, en qui chacun se remet tout entier : Marie, dès son OUI à l’Annonciation (Lc 1, 38) ; ce fiat que salue Elisabeth (Lc 1, 45) ; ce fiat quand Syméon lui prédit : « et toi, ton âme sera traversée d’un glaive » ; son fiat auquel elle restera fidèle jusqu’à la croix.
Joseph n’est pas en reste qui, au réveil, fait ce que l’ange du Seigneur lui avait demandé en songes (Mt 1, 24 ; 2, 13-14 ; 2, 19-23). Quant à Jésus, toute son action, toute sa vie, toute son œuvre n’est-elle pas au diapason de Dieu, son Père ? « Le Père et moi, nous sommes UN » (Jn 10, 30 ; 10, 38).
Oui, c’est la foi, la confiance totale en Dieu qui nous sanctifie, individuellement et collectivement. C’est elle qui pousse Syméon au temple ce jour-là. C’est encore la foi qui tient Anne près du temple à servir Dieu jour et nuit.
Ce ne sont pas nos vies parfaites – puisqu’elles ne le sont pas – qui nous rendent saints, mais la foi, l’espérance et l’amour que nous avons pour Dieu, en Dieu ; la confiance, l’espérance et la charité que nous avons les uns envers les autres.
Frère Philippe Jeannin, Couvent Saint-Jacques à Paris