Edito juillet 2024
Qu’est-ce que « chercher » Jésus et le « trouver » aujourd’hui ? Il faudrait poser la question à nos contemporains et écouter attentivement leurs réponses. Car oui, aujourd’hui, plus que jamais, tout le monde « le cherche ». Mais où ? Ailleurs que dans nos églises, indéniablement. Nous avons une soif inextinguible de salut. De quoi avons-nous besoin d’être sauvés ? Du désespoir, de la fatalité, de la violence, du manque de courage ? Savons-nous seulement sortir de nos propres préoccupations pour aller vers les autres, nos contemporains, nos amis, nos proches et écouter vraiment leurs attentes, leurs questions, leurs espérances ? A ceux qui pensent l’avoir trouvé, Jésus n’a de cesse de dire : « Allons ailleurs ». Sortir, encore et encore, y compris dans la prière nocturne, cette autre forme de sortie où il puise sa force.
Soeur Anne Lécu
Dominicaine
Communauté de Paris
Pas l'temps
Après une maladie grave, j’ai redécouvert l’émerveillement devant une journée ensoleillée, une nuit qui tombe, un soleil qui s’embrase ou tout simplement une fleur qui éclot. Alors est monté en moi le désir de louer le Seigneur pour toutes ses créatures comme saint François. Chacun de nous a en mémoire des lieux ou des instants dont le souvenir lui a fait du bien. La vie prenait une nouvelle saveur.
Est-ce que nous aimons la vie ?
Je n'aime pas le poisson
Pour un pécheur, le comble. Mais au bord du lac, on n’avait pas le choix. Un jour, tout a changé. Un homme est arrivé nous embarquant avec lui. Tout à sa suite avait une nouvelle saveur. Qu’importe ce que l’on mangeait, ce sont ses paroles qui nourrissaient. Combien de repas improvisés sur le lac, chez les uns et les autres, là où l’on nous recevait. Et puis, un dernier soir, il y eut ce repas, un peu de pain, du vin. Et le Maître de les bénir : « Ceci est mon corps, ceci est mon sang. »
Alors, quand il est revenu, au milieu de nous à Jérusalem, pas étonnant qu’il voulut encore manger. Le goût du poisson lui rappelait cela : les filets abandonnés au jour de notre appel, les foules nombreuses nourries avec si peu, les repas pris ensemble sur le bord de la route. Manger, pour faire mémoire des évènements passés. Mais manger avec lui, car il était bien là. Manger, pour poursuivre avec lui le chemin. Et pourtant, peu après, nous ne le revîmes plus.
Avait-il vraiment faim ?
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Le figuier
Tu as créé l’amandier et choisi la couleur de ses fleurs. Tu as créé la terre de Bourgogne et aimé les coteaux où pousseraient un jour ces ceps de Chablis que j’aime tant. Et puis tu as créé le figuier, les figues précoces et les tardives, les vertes et les violettes, et ce goût sucré tellement doux en confiture. Tu as découpé ses feuilles, chaque feuille de chaque figuier, car chacune, dit-on, est unique, comme chacun de nous.
Tu as donné naissance à Nathanaël, et tu as aimé le voir étudier sous le figuier. Tu as aimé chacune de nos recherches, chacune de nos questions, chacun de nos efforts pour habiter ce monde. Tu es près de nous quand nous poursuivons ce travail que chaque génération doit reprendre : aimer notre monde, et ouvrir les portes et les fenêtres où ton Esprit pourra se glisser. Tu aimes guetter avec nous et découvrir la soif de tous ceux qui t’attendent en secret. Toi l’Inattendu, tu te tiens à la porte et n’attends qu’un signe de notre part pour venir t’asseoir et trinquer.
Les amandiers, les vignes et les figuiers racontent qu’il est un temps pour tout sous le soleil (*). Il est un temps pour la patience et un temps pour le fruit. Un temps pour arroser la terre et un temps pour se reposer à l’ombre du figuier. Un temps pour se promener le nez en l’air au milieu des fleurs blanches du printemps et un temps pour l’étude. Mais chaque instant du temps est favorable à ta venue. Chaque instant peut être cette porte à laquelle tu frappes, espérant que nous allons t’ouvrir pour transfigurer notre histoire.
* Livre de l’Ecclésiaste chapitre 3, verset 1
Extrait de Signes dans la Bible (2015-2016)
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