Ce qui est impossible à Dieu
Le Christ vient, il vient pour nous sauver, et en plus rien n’est impossible à Dieu ! Voilà un programme enthousiasmant, mais qui pourrait nous pousser à rêver, à patienter sans rien faire. Je vais attendre bien sagement sa venue, il remettra tout en place dans ma vie et dans ma famille. Je n’aurai rien à faire, sauf l’action de grâces, car quand même, il faut savoir remercier…
Le suivre à la maison
Le suivre à la maison
La scène est belle. Jésus passe, il voit un homme et un mot suffit. L’homme lâche tout pour suivre Jésus : son métier, sa famille, sa maison. Il ne prend même pas le temps de se faire un petit baluchon. Le voilà parti sur les routes de Galilée, marchant derrière Jésus. Mais l’Évangile dit-il vraiment cela ? Notre imagination n’a-t-elle pas comblé beaucoup de non-dits ? Après tout, ce passage raconte bien peu de choses.
Et la suite du texte ne présente pas Jésus marchant sur les routes, mais attablé à la maison. D’ailleurs, quelle est cette maison ? Saint Luc, plus précis, nous le dit dans son évangile : c’est la maison de Matthieu lui-même. Le futur apôtre donne un repas chez lui, il a invité Jésus, et aussi les collecteurs d’impôts, ses collègues de travail.
À la nuit tombée
Novembre est le mois de l’année qui me fait entrer dans la nuit. Chaque matin, je me lève bien avant le lever du soleil et, chaque soir, je me couche bien après son coucher : impossible d’échapper à l’obscurité extérieure ! Désorientée par ces jours qui se font de plus en plus courts, j’attends patiemment l’arrivée de l’Avent qui m’orientera, en décembre, vers la lumière de Noel. En attendant de me laisser guider par ce phare, je suis invitée à vivre sans boussole le mystère de la mer, tantôt calme tantôt démontée, de la nuit. Elle vient me rappeler que ma vie est tissée de fils de toutes couleurs, du plus sombre au plus lumineux.
Croître en vérité
Défunts
La veuve de Naïm
« J’allais sans regarder, ses yeux s’étaient éteints. Et avec eux, le monde : quel jour étions-nous donc, quelle heure de la journée ? Une nuit infinie s’ouvrait là devant moi. Je ne voyais personne, car lui ne voyait plus. J’étais morte avec lui, nul n’osait me parler. La foule autour de moi m’entourait comme un mur, me soutenait à peine, me portait à moitié. La porte de la ville marquait l’ultime passage. Mon fils allait sortir, ne plus jamais entrer. Comment aurais-je la force de passer, tout à l’heure, la porte en l’autre sens ? Le bruit allait croissant, à mesure qu’approchait la terrible muraille, le cortège grossi par des passants curieux. Je voulais me terrer là, maintenant, mourir avec mon fils, m’emmurer avec lui. Me donner tout entière, pour ranimer sa vie.
Le silence un instant gagna tout alentour. Une voix : « ne pleure pas ». La première entendue depuis le drame cruel. Personne jusque-là n’avait osé briser mon mutisme obstiné. On eut dit que la mort était si contagieuse que j’en portais partout le funeste présage. Jésus franchit d’un pas le fossé redoutable qui s’était imposé entre moi et le monde. Achevant d’embrasser ma terrible amertume il saisit la litière où gisait mon malheur. Je compris sur le champ qu’il était avec moi, qu’il entrait dans mon deuil et jusque dans la mort où reposait mon fils. Lui seul avait forcé le seuil infranchissable. J’ouvrais enfin les yeux, la nuit était passée. »
Frère Franck Dubois
Dominicain
Couvent Saint Pierre martyr à Strasbourg
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