Communauté de Paroisses St. Gabriel Val de Sarre Nord

 

 

Frère Franck Dubois

Dominicain

Couvent de Saint Pierre Martyr - Strasbourg

 

Matthieu 5, 1-12a

En ce temps-là, voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui. Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait :

« Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux.

Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.

Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.

Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.

Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.

Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.

Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.

Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux.

Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! »

 

Béatification

Mais de qui parle Jésus ? De ceux qui sont autour de lui : Heureux es-tu toi qui pleures, endeuillé récemment par la perte d’un proche. Heureux es-tu toi qui n’en peux plus des coups-bas. Heureux es-tu qui ne baisses pas les bras malgré la violence... Jésus, ils le fréquentaient depuis un bout de temps. Ils l’avaient vu pleurer, ils l’avaient vu lutter, ils l’avaient vu pardonner, et eux tous, à l’entendre proclamer sa litanie de misère et de combats, se reconnaissent dans ses larmes, sa patience, son pardon.

Les mots du Christ, à défaut peut-être de percer le ciel, déchirent les cœurs. Ses paroles joignent l’authenticité d’un homme vivant à fond sa vie humaine à la force d’un Dieu au Verbe tout puissant. Et l’incroyable devient crédible pour la petite troupe réunie autour de son maître.

Voilà nos gaillards concitoyens des Cieux, sans décoller d’un pouce de la montagne poussiéreuse : Dieu venait de les bénir. Bienheureux ! En vérité, Jésus sur la montagne procède à la première béatification de l’histoire. Oh ! elle ne devait pas avoir fière allure cette première fournée de saints, loin des icônes sages et compassés qui ornent discrètement le mur de nos oratoires, de nos chambres à coucher ! Des bienheureux en chair et en os, obtus, rugueux, compliqués et pénibles à leur heure ; mais enfin, saints tout de même, saints parce que le Christ venait de sceller leurs pauvres histoires, leurs pauvres efforts humains, dans la force de sa divine grâce et la promesse de sa victoire certaine.