Seigneur, comme la Samaritaine, je me tiens au bord du puits tout près des eaux profondes, là où Tu demeures sans que j’en aie toujours conscience.
Je puise, je veille, j’espère et j’attends Ta venue dans l’ordinaire des jours.
Alors, des profondeurs où j’ai puisé, crié vers Toi, tant désiré, j’ai vu la source devenir un fleuve d’eau vive.
Ce filet d’eau plein d’espérance, entretenu jour après jour dans l’ordinaire du temps, s’est révélé Promesse de vie éternelle : et voici qu’au pays de la soif, l’eau a jailli et se répand.
Oui, Seigneur, tout en moi exulte et renaît à ta venue, si imprévue qu’elle me surprend.
Veille mon âme, au bord du puits, le Seigneur t’attend et te dit ’’Donne-moi à boire’’.
Seigneur, aide-nous à entrer dans la pureté du jeûne, qui est le salut des âmes,
à te servir dans la crainte, à verser sur nos têtes l’huile de ta bonté,
et à laver nos visages à l’eau de la chasteté.
Nous qui jeûnons dans le corps,
apprends-nous à jeûner aussi dans l’esprit,
à délier tout lien d’injustice, à briser les violences.
Permets que nous donnions du pain
à ceux qui ont faim,
que nous ouvrions nos maisons aux pauvres, qui n’ont pas de toit,
afin de recevoir du Christ
le grand amour.
Il faut passer par le désert et y séjourner pour recevoir la Grâce de Dieu ; c’est là qu’on se vide, qu’on chasse de soi tout ce qui n’est pas Dieu et qu’on vide complètement cette petite maison de notre âme pour laisser toute la place à Dieu seul.
C’est indispensable… C’est un temps de grâce, c’est une période par laquelle toute âme qui veut porter des fruits doit nécessairement passer. Il lui faut ce silence, ce recueillement, cet oubli de tout le créé, au milieu desquels Dieu établit son règne et forme en elle l’esprit intérieur.
Si cette vie intérieure est nulle, il y aura beau avoir du zèle, de bonnes intentions, beaucoup de travail, les fruits sont nuls: c’est une source qui voudrait donner de la sainteté aux autres, mais qui ne peut, ne l’ayant pas: on ne donne que ce qu’on a et c’est dans la solitude, dans cette vie, seul avec Dieu seul, dans ce recueillement profond de l’âme qui oublie tout le créé pour vivre seule en union avec Dieu, que Dieu se donne tout entier à celui qui se donne ainsi tout entier à Lui.
Notre Seigneur n’en n’avait pas besoin mais il a voulu nous donner l’exemple.
Rendez à Dieu ce qui est à Dieu.
Méditation du Bienheureux Charles de Foucauld
Le Carême commence le Mercredi des Cendres, mercredi 26 février 2020, et s’achève le Jeudi Saint, le 9 avril 2020, avant la célébration de la Cène du Seigneur. La Semaine Sainte, qui commence avec le dimanche des Rameaux 5 avril 2019, commémore la Cène, la Passion et la mort du Christ sur la Croix. Le Samedi Saint au soir et le dimanche de Pâques, le 12 avril 2020, les chrétiens célèbrent la résurrection du Christ.
Lorsque nous jouons une partition trop ardue, nos mimiques laissent percevoir nos efforts déployés pour produire quelques harmonies plus ou moins délicates. La pitié suscitée par nos grimaces nous console de ne pont être Mozart revenu d’entre les morts. À défaut d’éblouir par notre génie, nous brillons par l’héroïcité de notre peine.
Quand viennent les Cendres, avec leur arrière-goût de pénitence et de conversion, nous cherchons quelquefois de maigres consolations dans les regards admiratifs : « Tu as remarqué sa ferveur ? », chuchote-t-on. Aussitôt, nous jubilons…. Annulant les bénéfices de notre soi-disant vertu.
« Evitez d’accomplir le bien devant les hommes ». L’avertissement lancé par le Christ nous rend moins naïfs, car le goût des honneurs cherche qui dévorer. Comment ne pas être le jouet de notre superbe ? Un premier pas consiste à saisir le sens profond des trois piliers du Carême, loin de l’hypocrite éclat des éloges qu’ils peuvent déclencher.
L’aumône, visage de l’amour, nous presse de donner toute leur place à notre conjoint, à nos enfants, aux amis, aux pauvres. De son côté, la prière crée un espace de silence, dans lequel nous entendons le doux chant de l’amour divin. Enfin, le jeûne creuse en nous un manque que Dieu sera heureux de combler.
Au fil de notre marche vers Pâques, l’aumône, la prière et le jeûne n’auront plus un goût de cendres mais de bonheur, un bonheur intense et durable, celui de donner notre vie pour notre prochain à la suite du Ressuscité.
Un religieux assomptionniste