Torchons et serviettes, unis pour la vie !
Vous connaissez le dicton qui commande de ne pas mélanger les torchons et les serviettes. L’Évangile, lui, est plus nuancé. Les torchons et les serviettes, l’ivraie et le bon grain, les sales types et les saints peuvent être mélangés au moins pour un temps. À notre époque obsédée par la pureté, qui dresse des frontières morales et idéologiques infranchissables entre les bons et les méchants, Jésus adresse deux avertissements :
- Seul Dieu est capable de discerner avec certitude qui mérite le bonheur éternel. Aucun homme n’est fondé à se mettre à la place de Dieu pour juger du sort définitif d’un autre homme car aucun homme ne connaît le cœur de son prochain comme Dieu le connaît. Et d’ailleurs, la miséricorde et la justice de Dieu ont le dernier mot.
- Même Dieu ne jugera qu’à la fin des temps. Car l’homme est changeant. Saint le lundi, crapule le mardi ! Plein de bons désirs un jour, dévoré par la haine et l’orgueil le lendemain. L’homme est versatile, c’est sa faiblesse. Mais c’est aussi sa chance, parce que jusqu’à son dernier souffle, il peut se laisser toucher par la grâce de Dieu.
Face à Dieu, le Diable sait qu’il arrive toujours trop tard. Il sait qu’il ne sème l’ivraie qu’après que Dieu a semé le bon grain. Que l’ivraie est toujours marginale par rapport au bon grain. Mais le Diable peut encore arracher la victoire si je juge mon prochain, si je me mets à la place de Dieu. En revanche, si je laisse Dieu être le seul juge, le seul miséricordieux, alors le Diable n’a plus aucun recours.
Frère Jean-Thomas de Beauregard
Couvent de la Vierge du Rosaire à Bordeaux