Communauté de Paroisses St. Gabriel Val de Sarre Nord

 

 

Où qu’on tourne son regard, le spectacle n’est que sang, larmes, haine et violence. Il y a de quoi désespérer. Seul le cri des persécutés peut ouvrir un chemin vers la concorde. Nous assistons à un effondrement. L’ordre international se défait sous nos yeux. Ce qui faisait jusqu’à présent office de solution ou d’instruments de conciliation ne fonctionne plus : l’ONU, les accords de Minsk sur l’Ukraine, les accords d’Oslo sur la Terre Sainte... Bien plus, c’est l’espérance qui est touchée. Qui croit encore à une paix possible ? Chaque peuple sur la terre, chaque individu dans nos sociétés semble pris dans la fascination d’être soi-même aux dépens des autres. Qui se demande encore, le matin en se levant : quel pont vais-je construire ? à quelle œuvre commune vais-je m’atteler ?

La désunion est partout. Elle plonge ses racines dans les revendications. Elle pénètre jusque dans les deuils. Il faudrait que les mères russes et ukrainiennes, israéliennes et palestiniennes pleurent ensemble. Leur plainte tonitruante ferait taire les armes et changerait sans doute, une fois encore, le cours de l’histoire. Mais comment faire gagner la paix quand dire est devenu une arme ? J’exagère ? Quel discours a bien pu rendre désirable l’action terroriste qui a ôté la vie d’un professeur à Arras et de deux supporteurs suédois à Bruxelles ? Et que valent les mots qui s’échangent à mille à l’heure sur les réseaux sociaux pour dire les torts ou les menaces? Il y a un vocabulaire et une grammaire de la concorde. Ce n’est pas à l’école qu’elles s’apprennent, mais, hélas, dans les larmes mêlées par-dessus les tranchées, coulant ensemble de part et d’autre des conflits. Ce n’est bien souvent que lorsque ces larmes deviennent brûlantes et font horreur que la concorde point à l’horizon. Visiblement, on n’en est pas encore là. Il en faudra combien? Vertigineux… Écoutons le psalmiste, qui a connu de telles heures. « Chaque nuit, je pleure sur mon lit : ma couche est trempée de mes larmes. Mes yeux sont rongés de chagrin ; j’ai vieilli parmi tant d'adversaires ! » (Psaume 6) Sa parole est gravée dans nos bibles. Née en Terre Sainte, elle gémit pour Israël et pour la Palestine, sans faire de différence. Elle nous dit qu’il est grand temps que cela cesse.

Arnaud Alibert Prêtre assomptionniste