Il est difficile de plonger dans le mystère eucharistique en oubliant qu'il est tout entier situé dans le monde spirituel, en oubliant les mots de Jésus après le discours sur le Pain de vie.
"Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie" (Jean 6,63). Nos manières humaines nous portent à "matérialiser" la "Présence réelle", à comprendre le mot réel comme équivalent de matériel. La Présence réelle est une présence spirituelle.
Sur le pain et le vin, le célébrant, au nom de toute l'assemblée, invoque l'Esprit saint : "Sanctifie ces offrandes en répandant sur elles ton Esprit ; qu'elles deviennent pour nous le corps et le sang de Jésus le Christ notre Seigneur". Dans le pain et le vin, ainsi changés par l'Esprit qui les a "couverts de son ombre", c'est la vie du Christ qui nous est donnée, son corps livré, son sang versé en sa Passion.
Si vous demandez : "Où est la Présence réelle ?", le concile Vatican II répond que Jésus est présent quand la Parole est proclamée ; il est présent dans l'assemblée "réunie en son nom" et dans la personne du ministre ; enfin, et "au plus haut point", dans le pain et le vin de l'eucharistie ("La Sainte Liturgie", 7).
Des raisons pratiques ont rendu la communion au calice trop rare. D'où le risque d'oublier le double geste de recevoir le pain et la coupe, de manger et de boire : une partie des symboles eucharistiques n'apparaît plus dans nos célébrations...
Mais toutes ces formes de présence sont indissociables. Dans la messe, les membres de l'assemblée, fidèles et ministres, écoutant les lectures de la Bible, reçoivent la Parole qui est "Pain de vie", nourriture pour leur foi. Ils célèbrent ensuite l'action de grâces, l'eucharistie, et sont reçus dans le corps du Christ en communiant au "pain de la vie" et à la "coupe du salut".
Père Michel Souchon, jésuite.