Communauté de Paroisses St. Gabriel Val de Sarre Nord

 

 

Les vacances d’été ne sont pas terminées que déjà l’année se prépare. Vais-je être agenda ou planning ? La question, en apparence technique, est en réalité aussi spirituelle.

L’agenda marque les rendez-vous, date et lieu, où il va se passer quelque chose. Chaque point de l’agenda pourra être un moment de grâce, de conversion, d’appel. L’agenda a quelque chose de sacramentel : on lui livre un espace de notre vie et il en deviendra ce que la Providence en fera. Comme l’eau d’une vasque peut devenir le Jourdain d’un baptême, comme les espèces du pain et du vin deviennent le repas du Seigneur, etc. On le sait bien, il peut s’en passer des choses dans « ces moments-là ».

Le planning met devant mes yeux l’épopée de l’année à venir. Il raconte à l’avance l’histoire sainte qui pourra être la mienne, celle de ma paroisse, de mon équipe de travail, bref de la communauté humaine dans laquelle je m’engagerai. Le planning est un acte de foi dans la présence de Dieu et son action, à la fois déterminé et peu précis : « avec tout ça, Dieu fera bien quelque chose », s’autorise-t-on à penser… « Tout homme est une histoire sacrée », dit le cantique.

Les deux visions ne s’opposent pas. Temps vécu un moment après l’autre ou bien temps éprouvé comme un élan, il y a sans doute un peu des deux dans chacun de nous. Mais ce n’est peut-être pas là que se situe l’enjeu essentiel. De quelles disponibilités vais-je faire preuve, le pluriel n’étant pas ici une erreur ?

La disponibilité affective d’abord, pour honorer les relations qui me construisent et permettent aux autres d’en faire autant. La disponibilité intérieure aussi, pour accueillir l’invisible et l’infini qui n’ont de cesse de quémander un peu de place dans la vie. Puisque Dieu ne s’impose pas, il nous faut nous imposer cette discipline de lui ouvrir la porte et lui offrir une place où demeurer. La disponibilité de service enfin, pour répondre aux besoins qui surgissent. Croyons-nous que nos frères espagnols de Galice ou d’Estrémadure avaient prévu de passer leur été à éteindre les incendies qui ravagent encore aujourd’hui leur région ? Combien de feux s’allumeront à l’improviste, dans notre année à venir ?

La leçon de mon propos me revient dans la figure comme un boomerang : tu programmes, mais tout n’est pas prévisible, loin s’en faut. En proposant pour la première fois dans son pontificat une journée de jeûne et de prière, vendredi 22 août, le pape Léon XIV n’a pas fait que reprendre une tradition, amplement utilisée par son prédécesseur. Il a voulu rappeler qu’il faut savoir couper avec le flot du temps qui nous propulse d’une activité à l’autre et s’arrêter pour se rendre disponible, autrement dit attentif à la vie autour de soi.

Une nouvelle année se profile avec son lot d’habitudes et de régularités, inutiles à combattre car la vie est ainsi faite. Elle pourra être une année nouvelle, si nous ne la saturons pas à l’avance, en laissant nos agendas et tous nos plannings être les complices des surprises de la vie et des clins d’œil divins de chaque jour.

 

Arnaud Alibert

Prêtre assomptionniste, rédacteur en chef à La Croix