Rien pour tout !
Veuve, indigente, que possède-t-elle en propre ? Rien de rien, elle n’a rien, ne compte pour rien, hier comme aujourd’hui, on s’en écarte et pourtant, elle est ! Jésus ne l’identifie pas à un groupe comme « les gens riches », mais elle est « cette pauvre veuve ». Cette main tendue qui sait encore s’ouvrir lui donne toute sa dignité et sa beauté, elle devient manifestation de son être le plus profond : fille du Père.
Cette main se tend dans nos rues, lasse, honteuse, désabusée, mais voici qu’ici elle s’offre à son tour. Notre veuve ne lâche pas sa piécette, d’un pas rapide, sans un regard, soulageant sa conscience comme nous savons le faire, tels les gens riches dans le temple.
Elle est tout entière présente dans cette obole, le cœur sur la main elle dépose son offrande, elle offre sa vie à cœur ouvert sans rien retenir. Le tout de sa vie est dans ce « rien ». Ce « rien », qui pourrait bien nous être enlevé (Mt 13, 12) si nous ne le vivons pas en ouverture à un don plus grand, ce « rien » devient son Tout ! Cette folle audace de tout donner sans rien retenir pour elle-même, sans la sage prudence de ceux qui ont en abondance, manifeste cette confiance absolue, ce saut dans le vide, sûre d’être étreinte par l’Amour qui n’abandonne aucun de ses enfants.
Ne nous y trompons pas, c’est bien ce mouvement du cœur dont il s’agit et non de compte en banque ou de poches percées. Chacun de nous, riche ou pauvre a dans son cœur un « rien » qui s’avère pourtant être un « tout » à ouvrir à la confiance pour recevoir la vie en abondance. Il y a des tous et des riens qui bouchent et obstruent la vie en nous. Des riens à donner tout entier, pour que jaillisse la vie en soleil levant !
Extrait de Lumières dans la Bible (2021)