Le froid et l’effroi. Que ressentir d’autre en repensant au drame qui s’est, une fois de plus, noué en Méditerranée en avril ? Dans les eaux glacées et déchaînées, 130 femmes et hommes ont appelé au secours pendant plus d’une journée. En vain. Pour seule réponse, la violence du silence.
« Interrogeons-nous tous sur cette énième tragédie », a imploré, dimanche 25 avril, le pape François -encore lui, mais qui d’autre oriente inlassablement nos yeux et nos oreilles vers ceux qui nous appellent ? « C’est le moment de la honte. Prions pour ces frères et sœurs et pour tous ceux qui continuent à mourir au cours de ces voyages dramatiques ». Et de conclure : Nous prions également pour ceux qui peuvent aider mais préfèrent détourner le regard. Prions en silence pour eux. » Prier « en silence » pour les cœurs sourds, le symbole est éloquent. Nous-mêmes, il faut bien nous compter au nombre de ceux qui négligent les drames, les statistiques et les appels. Nous sommes humains, et nos angoisses -toutes légitimes- face aux lames du terrorisme, aux ressacs de l’économie ou aux vagues sanitaires nous détournent des courants du monde et des esquifs qui s’abîment si loin, si près pourtant.
Aymeric Christensen
Editorialiste
La Vie