Thème proposé par la communauté monastique de Grandchamp (Suisse)
« Demeurez dans mon amour et vous porterez du fruit en abondance »
La semaine de prière pour l’unité chrétienne 2021 a été préparée par la Communauté monastique de Grandchamp. Le thème choisi, « Demeurez dans mon amour et vous porterez du fruit en abondance » basé sur le texte de Jean 15,1-17, exprime sa vocation de prière, de réconciliation et d’unité dans l’Église et la famille humaine.
Voir le site de la communauté : www.grandchamp.org
Pour les huit jours de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens 2021, (du 18 au 25 janvier) la communauté monastique de Grandchamp propose un cheminement de prière:
Réflexions Bibliques et prières pour les « huit jours »
1er Jour
Appelés par Dieu
« Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis »
(Jn 15,16)
Gn 12,1-4 Vocation d’Abraham
Jn 1,35-51 L’appel des premiers disciples
Méditation
Au début, il y a une rencontre entre l’être humain et Dieu, entre le créé et le Créateur, entre le temps et l’éternité.
Abraham entend l’appel : « Va vers le pays que je te ferai voir ». Comme lui, chacun, chacune de nous est appelé(e) à quitter ce qui lui est familier pour aller vers une terre que Dieu nous a préparée au cœur de notre cœur. En chemin, nous devenons toujours plus nous-mêmes, tels que Dieu nous désire depuis le commencement. En suivant l’appel qui s’adresse à nous, nous devenons une bénédiction pour tous ceux qui nous sont proches et pour le monde.
Dieu, dans son amour, nous cherche. Il s’est fait homme en Jésus en qui nous rencontrons son regard. Dans nos vies, comme dans l’Évangile de Jean, l’appel de Dieu se fait entendre de différentes manières. Touchés par son amour, nous nous mettons en route. Dans cette rencontre un chemin de transformation se vit.
Début lumineux d’une relation d’amour toujours à reprendre à nouveau.
« Un jour tu as compris qu’à ton insu un oui était déjà gravé au tréfonds de ton être.
Et tu as choisi d’avancer à la suite du Christ.
En silence en présence du Christ, tu as saisi sa parole :
« Viens et suis-moi, je te donnerai où reposer ton cœur »
Taizé, Les écrits fondateurs
Prière
Jésus le Christ,
tu nous cherches, tu désires nous offrir ton amitié
et nous conduire dans une vie toujours plus pleine.
Donne-nous la confiance pour répondre à ton appel.
Ainsi, tu transformeras ce qui en nous est trouble,
et nous deviendrons témoins de ta tendresse pour notre monde.
Frère Roger, de Taizé : Les écrits fondateurs, Dieu nous veut heureux, Les Ateliers et Presses de Taizé, 2011, p.38. Cf. introduction p. 6.
2e Jour
Mûrir intérieurement
« Demeurez en moi comme je demeure en vous »
(Jn 15,4)
Ep 3,14-21 Que le Christ habite en nos cœurs
Lc 2,41-52 Marie gardait tous ces événements dans son cœur
Méditation
La rencontre avec Jésus fait naître le désir de demeurer avec lui, en lui : temps de maturation où le fruit se prépare.
Jésus, pleinement humain, a lui aussi vécu un chemin de maturation. Il a vécu une vie toute simple, enracinée dans les pratiques de sa foi juive. Dans cette vie cachée à Nazareth où apparemment rien d’extraordinaire ne se passait, la présence de son Père le nourrissait.
Marie contemplait les actions de Dieu dans sa vie et dans celle de son Fils. Elle gardait tous ces événements dans son cœur. C’est ainsi que peu à peu elle saisit le mystère de Jésus.
Nous aussi, nous avons besoin d’un long temps de maturation, de toute une vie, pour comprendre la profondeur de l’amour du Christ : le laisser demeurer en nous, et demeurer en lui. Sans que nous sachions comment, l’Esprit fait habiter le Christ en nos cœurs. Et c’est par la prière, par l’écoute de la Parole, en partageant avec d’autres, en mettant en pratique ce que nous avons compris que l’être intérieur se fortifie.
« Laisser descendre le Christ jusqu’aux profondeurs de nous-mêmes (…).
Il pénétrera les régions de l’intelligence et celles du cœur,
il atteindra notre chair jusqu’aux entrailles,
en sorte que nous aussi nous ayons un jour des entrailles de miséricorde ».
Taizé, Les écrits fondateurs
Prière
Esprit Saint,
donne-nous d’accueillir en nos cœurs la présence du Christ,
de veiller sur elle comme sur un secret d’amour.
Nourris notre prière,
éclaire notre lecture de la bible,
agis à travers nous,
afin que patiemment, les fruits de ton amour puissent grandir en nous.
3e Jour
Former un corps uni
« Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés »
(Jn 15,12)
Col 3,12-17 Revêtez des sentiments de compassion
Jn 13,1-15 ; 34-35 Aimez-vous les uns les autres
Méditation
La veille de sa mort, Jésus se mit à genoux pour laver les pieds de ses disciples. Il savait la difficulté de vivre ensemble, et l’importance du pardon et du service mutuel. « Si je ne te lave pas », dit-il à Pierre, « tu ne partageras rien avec moi. »
Pierre a accueilli Jésus à ses pieds, il a été lavé, a été touché par l’humilité et la douceur du Christ. Il suivra son exemple et pourra être au service de la communion entre les croyants dans l’Église naissante.
Jésus désire que la vie et l’amour circulent entre nous, comme la sève dans la vigne, afin que les communautés chrétiennes forment un seul corps. Mais aujourd’hui comme hier, il n’est pas facile de vivre ensemble. Souvent nous sommes mis devant nos propres limites. Parfois nous n’arrivons pas à aimer ceux qui nous sont proches, dans une communauté, une paroisse, une famille. Il arrive que nos relations se détériorent totalement.
En Christ, nous sommes invités, à travers d’innombrables recommencements, à revêtir des sentiments de compassion. Nous reconnaître aimés par Dieu nous pousse à nous accueillir les uns les autres dans nos forces et nos faiblesses. Alors la présence du Christ transparaît entre nous.
« Avec presque rien, es-tu créateur de réconciliation dans ce mystère de communion qu’est l’Église ?
Soutenu par un entraînement commun, réjouis-toi, tu n’es plus seul,
tu avances en tout avec tes frères (tes sœurs).
Avec eux, tu es appelé à réaliser une parabole de la communauté »
Taizé, Les écrits fondateurs
Prière
Dieu notre Père,
par le Christ et à travers nos frères et sœurs,
tu nous révèles ton Amour.
Ouvre nos cœurs
pour que nous puissions nous accueillir dans nos différences
et vivre le pardon.
Accorde-nous la grâce de former un corps uni
qui mette en lumière le don qu’est chaque personne ;
et que tous ensemble, nous soyons un reflet du Christ vivant.
[1]. Ibid., p.36.
4e Jour
Prier ensemble
« Je ne vous appelle plus serviteurs… je vous appelle amis »
(Jn 15,15)
Rm 8,26-27 L’Esprit aussi vient en aide à notre faiblesse
Lc 11,1-4 Seigneur, apprends-nous à prier
Méditation
Dieu a soif de vivre en relation avec nous. Déjà il nous cherchait en cherchant Adam, l’appelant dans le jardin : « Où es-tu ? » (Gn 3, 9)
Dans le Christ, il est venu à notre rencontre. Jésus vivait la prière, intimement uni à son Père, tout en créant des relations d’amitié avec ses disciples et ceux et celles qu’il rencontrait. Il les a introduits dans ce qui lui était le plus précieux : la relation d’amour avec son Père qui est notre Père. Ensemble, ils chantaient les psaumes, enracinés dans la richesse de la tradition juive. À d’autres moments, Jésus se retirait seul pour prier.
La prière peut être solitaire ou partagée avec d’autres. Elle est émerveillement, plainte, intercession, action de grâce, doux silence. Il arrive que le désir de prier soit là, et pourtant d’avoir le sentiment de ne pas pouvoir prier. Se tourner vers Jésus, et lui dire « apprends-moi » peut ouvrir un chemin. Notre désir est déjà prière.
Se retrouver en groupe est un soutien. À travers les chants, les paroles et les silences, une communion se crée. Si nous allons prier chez des chrétiens d’autres traditions, nous serons peut-être surpris de nous sentir unis d’un lien d’amitié qui vient ce Celui qui est au-delà de toute division. Les formes varient, mais c’est le même Esprit qui nous rassemble.
« Dans la régularité de la prière commune, l’amour de Jésus germe en nous sans que nous sachions comment.
La prière commune ne nous dispense pas de la prière personnelle.
L’une soutient l’autre.
Chaque jour prenons un moment pour nous renouveler dans notre intimité avec le Christ Jésus ».
Taizé, Les écrits fondateurs
Prière
Seigneur Jésus,
ta vie entière a été prière,
accord parfait avec le Père.
Par ton Esprit, apprends-nous à prier selon ta volonté d’amour :
Que les croyants du monde entier s’unissent dans l’intercession et la louange,
et que vienne ton Règne d’amour.
5e Jour
Se laisser transformer par la Parole
« Déjà vous êtes émondés par la parole… »
(Jn 15,3)
Dt 30,11-20 La parole de Dieu est toute proche de toi
Mt 5,1-12 Heureux sois-tu
Méditation
La Parole de Dieu est toute proche de nous. Elle est bénédiction et promesse de bonheur. Si nous ouvrons notre cœur, Dieu nous parle et patiemment transforme ce qui en nous va vers la mort. Il retire ce qui empêche la croissance de la vraie vie, tout comme le vigneron émonde la vigne.
Méditer régulièrement un texte biblique, seul ou en groupe, change notre regard. De nombreux chrétiens prient chaque jour les Béatitudes. Elles laissent entrevoir un bonheur caché dans l’inaccompli et au-delà de la souffrance : Heureux ceux qui, touchés par l’Esprit, ne retiennent plus leurs larmes, les laissent sortir, et reçoivent une consolation. Lorsqu’ils découvrent la source cachée dans leur terre intérieure, alors grandit en eux la faim de justice, la soif de s’engager avec d’autres pour un monde de paix.
Nous sommes sans cesse appelés à renouveler notre engagement en faveur de la vie, par nos pensées et par nos actes. Et il est des heures où nous goûtons déjà ici-bas le bonheur qui trouvera son accomplissement à la fin des temps.
« Prie et travaille pour qu’il règne.
Que dans ta journée labeur et repos soient vivifiés par la parole de Dieu.
Maintiens en tout le silence intérieur
pour demeurer en Christ.
Pénètre-toi de l’esprit des Béatitudes :
Joie, simplicité, miséricorde. »
Les sœurs de Grandchamp disent ensemble à haute voix ce texte
au début de chaque journée.
Prière
Sois béni, Dieu notre Père,
pour le don de ta parole dans les Saintes Écritures.
Sois béni pour ton invitation à nous laisser transformer par elle.
Aide-nous à choisir la vie et guide-nous par ton Esprit,
pour que nous puissions vivre le bonheur que tu désires tant partager avec nous.
6e Jour
Accueillir l’autre
« Que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure »
(Jn 15,16)
Gn 18,1-5 Abraham accueille les anges aux chênes de Mamré
Mc 6,30-44 La compassion de Jésus pour les foules
Méditation
Quand nous nous laissons transformer par le Christ, son amour en nous grandit et porte des fruits. L’accueil de l’autre est une manière concrète de partager l’amour qui nous habite.
Tout au long de sa vie Jésus s’est ouvert à ceux et celles qu’il a rencontrés. Il les a écoutés et il s’est laissé toucher par eux sans avoir peur de leur souffrance.
Dans l’Évangile de la multiplication des pains, Jésus est ému de compassion en voyant la foule affamée. Il sait que l’être humain tout entier a besoin d’être nourri et que lui seul peut véritablement les rassasier de pain et étancher leur soif de vie. Mais il ne veut pas le faire sans ses disciples, sans le petit peu qu’ils peuvent lui donner : cinq pains et deux poissons.
Aujourd’hui encore il veut nous associer à cet accueil inconditionnel. Il ne faut pas beaucoup pour que chacun se sente bienvenu : un regard, une écoute attentive, une présence vraie. Lorsque nous offrons à Jésus nos pauvres possibilités, lui-même les multiplie de façon surprenante.
Nous faisons alors la même expérience qu’Abraham : c’est en donnant que nous recevons, et lorsque nous accueillons les autres, nous sommes bénis en abondance.
« Dans un hôte c’est le Christ lui-même que nous avons à recevoir ».
« Ceux que nous accueillons jour après jour trouveront-ils en nous des hommes, (des femmes) qui rayonnent le Christ, notre paix ?»
Taizé, Les écrits fondateurs
Prière
Jésus le Christ, tu connais notre désir
d’accueillir pleinement les frères et sœurs qui se trouvent à nos côtés.
Tu sais combien souvent nous nous sentons démunis face à leur souffrance.
Toi le premier bien avant nous, tu les as déjà accueillis dans ta compassion.
Parle-leur à travers nos mots, soutiens-les à travers nos gestes,
et que ta bénédiction repose sur nous tous.
7e Jour
Grandir dans l’unité
« Je suis la vigne, vous êtes les sarments »
(Jn 15,5)
1 Co 1,10-13 ; 3,21-23 Le Christ est-il divisé ?
Jn 17,20-23 Comme toi et moi sommes un
Méditation
La veille de sa mort Jésus a prié pour l’unité des siens : « Que tous soient un… afin que le monde croie ». Liés à lui comme les sarments le sont au cep, nous partageons la même sève qui nous anime et qui circule entre nous.
Chaque tradition a ses richesses et est appelée à nous conduire au cœur de notre foi : la communion avec Dieu, par le Christ, dans l’Esprit. Plus nous vivons cette communion, plus nous sommes reliés aux autres chrétiens et à l’humanité entière. Paul nous met en garde contre une attitude qui déjà menaça l’unité des premiers chrétiens : donner trop d’importance à sa propre tradition au détriment de l’unité du Corps du Christ. Les différences deviennent alors séparatrices au lieu d’être enrichissements mutuels. Paul a une vision très large : « Tout est à vous, mais vous êtes à Christ et Christ est à Dieu » (1 Co 3,22-23).
La volonté du Christ nous engage sur un chemin d’unité, de réconciliation et nous engage aussi à nous unir à sa prière : « Que tous soient un… afin que le monde croie ».
« Ne prends jamais ton parti du scandale de la séparation des chrétiens confessant tous si facilement l’amour du prochain, mais demeurant divisés.
Aie la passion de l’unité du Corps du Christ. »
Taizé, Les écrits fondateurs
Prière
Esprit Saint, feu vivifiant et souffle léger,
viens habiter en nous.
Renouvelle en nous la passion de l’unité
pour que nous vivions conscients du lien qui nous unit en toi.
Que tous les chrétiens qui ont revêtu le Christ à leur baptême
s’unissent et témoignent ensemble de l’espérance qui les fait vivre.
8e Jour
Se réconcilier avec tout le créé
« Que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite »
(Jn 15,11)
Col 1,15-20 Tout est maintenu en lui
Mc 4,30-32 Aussi petit qu’une graine de moutarde
Méditation
L’hymne au Christ dans l’épître aux Colossiens nous invite à chanter la louange du salut de Dieu, qui englobe tout l’univers. Dans le Christ crucifié et ressuscité, un chemin de réconciliation a été ouvert : même la création est promise à un avenir de Vie et de Paix.
Avec les yeux de la foi, nous voyons que le Règne de Dieu est une réalité toute proche mais encore toute petite, à peine visible comme une graine de moutarde. Cependant, il grandit. Même dans notre monde en détresse, l’Esprit du Ressuscité est à l’œuvre. Il nous pousse à nous engager avec toute personne de bonne volonté, à chercher inlassablement la justice et la paix et à rendre à nouveau la terre habitable pour toutes les créatures.
Nous prenons part à l’œuvre de l’Esprit pour que, dans toute sa plénitude, la création puisse continuer à louer Dieu. Lorsque la nature souffre, lorsque les humains sont écrasés, l’Esprit du Christ ressuscité, loin de nous laisser perdre courage, nous invite à nous engager avec lui dans son œuvre de guérison.
La nouveauté de Vie que le Christ apporte, si cachée soit-elle, est une lumière d’espérance pour beaucoup. Elle est source de réconciliation universelle et contient une joie qui vient d’ailleurs. « Que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite » (Jn 15,11).
« Veux-tu célébrer la nouveauté de vie que donne le Christ par l’Esprit Saint,
et la laisser vivre en toi, entre nous, dans l’Église, le monde et dans toute la création ?
Taizé, Les écrits fondateurs
Prière
Dieu trois fois saint, nous te rendons grâce de nous avoir créés et aimés.
Nous te rendons grâce pour ta présence en nous et dans la création.
Que ton regard d’espérance sur le monde devienne le nôtre.
Ainsi, nous pourrons œuvrer à un monde où la justice et la paix s’épanouissent,
pour la gloire de ton nom.