Nous vous avons aimé, comme nous aimons d’ordinaire nos proches généreux, enthousiastes, pleins de vie, toujours en quête d’un regard qui unit ou d’un rire qui chasse les nuages. Il nous a plu de vous voir habillé de blanc, couleur baptême, assis dans le fauteuil de pape que tous les podiums et tous les protocoles n’arrivaient pas à séparer des gens du peuple. Vous nous avez touchés par vos bénédictions d’enfants, vos embrassades des pauvres et des souffrants, ou encore vos silences habités face aux visages meurtris des victimes de tous les crimes possibles. Oui, nous avons tant aimé vous voir pleurer – le paradoxe n’est que d’apparence – avec les victimes oubliées de l’histoire des hommes. Vos larmes étaient celles que nous aurions dû laisser couler sur nos joues depuis longtemps. Ces fois-là, vous avez pleuré pour nous, sans nous juger. Vous nous avez voulus frères entre nous, car vous nous croyiez tous frères de Jésus. Tous, par-delà les limites les plus infranchissables, même religieuses, qui peuvent nous séparer. Adieu, frère François. Dès le premier jour de votre pontificat, et tant de fois par la suite, vous avez répété : « Priez pour moi », parce que vous vous saviez pécheur. Pas une rencontre, de qui que ce soit, sans cette formule finale qui était votre façon de dire au revoir. Une fois encore, nous prierons pour vous. Mais dès à présent, en cet instant même, les rôles tendent à s’inverser. Là où vous êtes, c’est désormais à vous de prier pour nous. Merci, cher frère François.
Extraits d’un texte d’Arnaud Alibert, prêtre assomptionniste, rédacteur en chef à La Croix