Nous voici à Paris, rue du Bac à la Chapelle de la médaille miraculeuse. Ici, on demande la prière de Marie avec ces mots : « Ô Marie, conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous ! » C’est ce qui est gravé sur les petites médailles frappées là-bas sous l’impulsion de Catherine Labouré à qui la Vierge Marie s’est manifestée en 1830. Depuis toujours, c’est une foule hétéroclite de croyants qui s’avance jusqu’au pied de l’autel.

Aujourd’hui, j’ai plutôt envie de m’adresser à Marie ainsi : « Ô Marie conçue sans péché, criez pour nous qui avons recours à vous », pour nous les sans-voix, les invisibles et les oubliés, les sans-éducation, les sans-confiance et les sans-courage aussi…

Criez pour nous, porte-parole ou francs-tireurs, vous tous qui osez une parole forte dans un monde malmené : Martin, Greta, Cabu, François… Criez pour mettre vos mots sur nos maux, votre courage contre les criminels et leurs complices, votre audace au service de ceux qui ont trop longtemps fermé les yeux, baissé les bras. Réveillez-nous, lanceurs d’alerte, vous qui nous dérangez, qui nous obligez à réfléchir, à ouvrir les yeux.

Le cri de Jésus sur la croix est de ceux-là aussi qui nous dérangent. Dans ce cri, il y a tout. Sa relation au Père, sa révolte, son abandon, son humanité, son dernier souffle… Il y a tout et en même temps, pour notre foi, un immense mystère : « Pourquoi m’as-tu abandonné ? »*

Ne laissons pas ce cri s’évaporer dans le tumulte de notre monde. Saisissons-le au vol et portons-le en écho avec nos propres révoltes : « Mon Dieu, mon Dieu… »

 

*Evangile selon st Matthieu ch.27, v. 40.

 

Soeur Anne-Claire Dangeard

CRSD, Couvent de Nancy