« Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales. » (Lc 3, 16)

Saviez-vous que la parole de Jean-Baptiste au sujet de la sandale de Jésus dont il ne peut dénouer la courroie se retrouve chez Matthieu, Marc, Luc, Jean et Paul ? C’est même le seul verset commun aux cinq témoins.

Pourquoi les cinq ont-ils été frappés à ce point par cette image apparemment banale de la courroie déliée d’une sandale ? Une petite enquête nous apprend qu’au temps de Jésus, les disciples* qui choisissaient de se mettre à l’école d’un rabbin faisaient avec lui cette sorte de contrat : « Rabbin, si tu acceptes de m’enseigner, de mon côté, je m’engage à faire ta vaisselle, ton ménage, ton linge et tes achats. Mais lorsque tu reviendras de pérégrinations, ne compte pas sur moi pour me mettre à genoux et te laver les pieds. En bon juif, je ne veux être l’esclave de personne. »

Tout d’un coup, la parole de Jean-Baptiste s’éclaire. C’est comme s’il disait : « Celui que je viens de baptiser était l’un de mes disciples. Il était “derrière moi”, alors que c’est à moi de devenir son disciple. Or, je n’en suis pas digne. Plutôt que devenir son disciple, je devrais être son esclave, dépendre entièrement de lui, me mettre à genoux à ses pieds. Mais en fait, je ne suis même pas digne d’être choisi comme son esclave, je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales. »

Cette image de la sandale nous permet d’être les témoins privilégiés d’une visitation chez Jean le Baptiste. Une immense lumière d’espérance vient l’envahir, une lumière indescriptible : L’Astre d’en haut vient de le visiter. Nous comprenons d’autant mieux pourquoi cette parole de vie a tant frappé Paul et les quatre évangélistes, au lendemain de la résurrection.

* Littéralement : « ceux qui suivent »

 

Père Nicolas Rousselot, sj

Chapelain de l’église Sainte Ignace à Paris