Je n’aime pas parler de moi… je n’ai rien à dire, seulement accueillir… mais on m’a
demandé de vous raconter la naissance de cet enfant venu en moi je ne sais comment.
Mon nom est « Marie ». Je suis une jeune fille de Nazareth comme les autres…

La nature m’a rendue joyeuse, heureuse, confiante, j’ai foi en Dieu. Je partage l’espérance de mon
peuple et je reste en éveil… Dieu ne nous abandonnera pas : il va se manifester, je le
sens… Plus qu’une intuition, c’est une certitude qui m’habite…
J’ai demandé à Joseph, mon fiancé, ce qu’il pensait du prénom « Emmanuel ». Il a souri et,
me fixant dans les yeux, m’a susurré : « Comme la terre fait éclore son germe, et le jardin,
germer ses semences, le Seigneur Dieu fera germer la justice et la louange devant toutes
les nations… Tu seras une couronne brillante dans la main du Seigneur, un diadème royal
entre les doigts de ton Dieu… Car le Seigneur t’a préférée, et cette terre deviendra
“L’Épousée”… Comme la fiancée fait la joie de son fiancé, tu seras la joie de ton Dieu. »*
Bercée par sa voix douce, j’étais transportée. Un ange aux ailes multicolores m’est apparu.
Ses lèvres articulaient les paroles mêmes que j’entendais. Devant ma surprise, il m’a
rassurée : « Ne crains pas, Marie, voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui
donneras le nom de Jésus. » Il a ajouté que l’Esprit Saint me prendrait sous son ombre et
que « rien n’est impossible à Dieu » **.
Un grand frisson m’a alors traversée, de la nuque au bas du dos, et mes entrailles ont frémi.
Je suis restée abasourdie… Ces paroles m’ont chamboulée au plus profond.
Et pourquoi moi, l’humble servante du Seigneur… ? Et vous, n’avez-vous jamais entendu
une parole du Seigneur qui vous touche à ce point ? Qu’en avez-vous fait ?

* Livre d'Isaïe ch. 61, v.11. ch. 62, v. 2-4.
** Évangile selon saint Luc ch. 1, v. 31-37
Frère Philippe Jeannin
Couvent saint Jacques à Paris